Michèle MATHEY-ESPAIGNET

Je prends l'habitude de penser et de réagir au moyen d'images qui, ensuite, de façon inconsciente, s'impriment ou s'effacent. Lorsque je crois pouvoir travailler sur une idée déterminée, je m'aperçois que l'oeuvre commande, car elle a ses propres lois - internes - externes - de développement. Elle m'impose ses conditions. Un dialogue a lieu entre moi et la matière. L'acte de création est pour moi comme une chute. Le langage, les mots, sont cachés et crachés. Des journées entières, je palpe, caresse, chauffe, malaxe. J'ai le sentiment que mes pièces sont devenues la prolongation de mon corps. Dans la nature, le cocon, entre autres fonctions, celle de permettre à la larve de se camoufler.Le "manteau" est point de contact - tradition physique et philosophique - qui pose la question de la matérialité de l'enveloppe. Problématique corps / esprit, individualité, subjectivité, expérience personnelle. Prolongation du corps. Familiarité entre le corps et l'objet ainsi que leur dépendance; Je laisse mon corps pénétrer mon travail par des empreintes et un corps à corps incessant.